Une affaire de mémoire

« Ce voyage-là, Monsieur Toubli (dès 7 ans) a dû le faire quelques fois. Mais dans le spectacle de L’Anneau, il ne s’en souvient plus. En fait, il a presque tout oublié. Heureusement, sa mémoire est à ses côtés, en chair et en os, pour lui rappeler son passé. Conduit avec bonne humeur dans un espace scénique privilégiant la proximité, Monsieur Toubli slalome entre nostalgie et impertinence, cornaqué par une mémoire qui n’a pas oublié comment se mettre le public en poche.»

JEAN-MARIE WYNANTS, Le Soir, le 18 août 2011

Duos de choc à Huy

« Au fil de journées bien remplies, trois duos magistraux. Parmi ces couleurs si diverses, on découvre le brouillard de Monsieur Toubli, par L’Anneau, pour tous dès 7 ans. Ce Monsieur bien nommé a l’art de tout égarer et de tout oublier. Alors, avec Madame sa mémoire, ils vont tenter de se rappeler, reconstituer les histoires, honorer l’absente (« la petite femme » de Monsieur Toubli), célébrer l’avenir (Sam, le petit-fils). Ariane Buhbinder a écrit et mis en scène ce face-à-face insolite avec fluidité, tact et finesse. Julie Nayer s’y révèle pétillante, drôle et plein de de charme. Jean-François de Neck campe à merveille cet homme vieillissant, tendre et touchant. Leur complicité fait mouche et nous laisse le coeur en fleur au sortir de la salle.»

SARAH COLASSE, La Libre Belgique, le 20 août 2011

Le blog à Emile

« J’avais déjà assisté à la lecture de Monsieur Toubli, d’Ariane Buhbinder (dont nous avons publié plusieurs textes). Elle assure également la mise en scène au sein de sa compagnie L’Anneau. Un double emploi qui pose parfois quelques problèmes. Ici non.
Le spectacle est une réussite. Toute la tendresse, tout l’humour contenu dans le texte, mais aussi toute la gravité du propos sont rendus par les deux comédiens qui parviennent à captiver tant les jeunes que les adultes sur un sujet pas facile à matérialiser: la perte de mémoire avec l’âge… Ou une certaine maladie. Bravo pour l’émotion.
Et une pensée pour notre chère Annick. Ceux qui ont vu ou verront le spectacle comprendront!»

EMILE LANSMAN, Le blog à Emile, le 17 août 2011

Quand la mémoire fait défauts

« M. Toubli a vieilli. Il perd la mémoire. Celle-ci, à son service depuis sa naissance, fait ce qu’elle peut pour l’aider à gérer son quotidien et ses souvenirs.
À l’extrémité d’un espace frontal où les spectateurs se font face, un rideau et un micro. Entre M. Toubli (Jean-François De Neck) qui chante, s’accompagnant à l’accordéon, une chanson à propos du temps qui passe, s’enfuit et ne revient jamais.
Il se met à chercher ses affaires car il a l’habitude  de les égarer. Plutôt : d’oublier où il les a laissées. Peut-être même se perd-il un peu lui-même, car si on prête l’oreille, on s’apercevra que dans les phrases qu’il prononce, le pronom je a disparu.
Soudain surgit une jeune femme (Julie Nayer) qui l’appelle, s’efforce de le trouver. Il l’entend, lui court après. Tous deux se manquent et finissent par se  rencontrer. Lui croit reconnaître en elle son chien Poilu, sa femme décédée et quelques autres.
En réalité, elle est sa mémoire, celle qui l’accompagne depuis sa naissance. Celle qui a enregistré ses souvenirs, celle qui trie les actions à accomplir au cours de la vie quotidienne. Celle qui souffre quand Toubli souffre des neurones, comme le soulignent les grésillements du système électrique et les sautes de lueur des projecteurs du plateau.
Aujourd’hui, ce qui cloche, c’est la disparition de l’agenda, seul repère fiable en ces temps de brouillard mental intermittent. Car notre bonhomme vient de trouver un cadeau festivement emballé et il ignore ce que c’est et à qui il est destiné.

Vieillir et se souvenir

Le va-et-vient entre le comédien âgé, qui n’eut jamais de défaillance mémorielle durant toute sa carrière, et la personnification pétulante du fonctionnement de son cerveau, permet de vifs échanges entre les protagonistes. Elle lui démontre son utilité en remettant au jour un épisode de son enfance au sujet d’une liste de courses pour la maman. Elle ramène à la vérité l’incident du supermarché où il se perdit à 6 ans.
Lui, remet un peu d’ordre dans son passé, dans cette existence où il a « goûté, senti, appris, aimé ». Lorsqu’il voit clair, il raconte avec émotion ce qu’il connut. Il semble se faire peu à peu à l’idée de la mort.
Ce chassé croisé entre la volonté de se rappeler et les vides intérieurs qui mènent à l’oubli des passés récents ou plus anciens, a quelque chose de pathétique et de touchant. Comme ce spectacle où le duo de comédiens se relance la balle avec virtuosité et naturel, humour et sérieux, sur un rythme qui, jamais, ne faiblit.

MICHEL VOITURIER, rue du théâtre, le 18 août 2011