« … deux comédiens formidables: Julie Nayer et Renaud Tefnin, dont l’expérience en musique est un atout pour maîtriser ce texte très rythmique, ponctué de chants et de moment percussifs et puis une scénographie simple mais ingénieuse, en forme de carré noir…
La caille qui ne retrouve plus son oeuf, le chat qui a perdu une dent de lait, la théière qui pleure sa jeunesse perdue… les personnages se succèdent et les enfants sont scotchés. Regards et gestes calés à la seconde près, répliques en ping-pong ou lancés en choeur: le spectacle de l’Anneau est une machine de précision… » 

ESTELLE SPOTO, Le Vif/L’express, le 2 septembre 2016

« Un petit mouchoir s’échappe de la poche dans laquelle il se trouvait. Le voilà dès lors emporté dans un voyage initiatique ponctué de rencontres qui lui apprennent à grandir, à devenir autonome.
Le décor, c’est une grande boite noire qui sert de plateau et de coulisses car son côté supérieur est constitué de lamelles de caoutchouc qui donnent l’illusion d’être compactes alors que leur flexibilité permet les apparitions et les disparitions les plus inattendues. Autour, dessus et dessous, deux comédiens qui animeront les objets, les animaux… personnages de l’histoire.

Cela réclame des deux manipulateurs conteurs une grande souplesse, un engagement physique plutôt sportif. Car il y en a du monde. Jugez-en : une taupe, une caille, une grenouille et des nénuphars, un saule particulièrement pleureur, une théière, une abeille…
Chacun est en difficulté et le mouchoir leur vient en aide mais eux, par contre ont du mal à lui expliquer la route de son retour car ils ne savent d’où il vient. Il y parviendra et s’apercevra qu’il a grandi.

Les rencontres sont inégales. Tout dépend de leur aspect, de la façon dont elles sont manœuvrées. C’est d’une importance secondaire car le primordial, c’est le texte qui accompagne les aventures. Il est très musical et même il passe par moments au-dessus de la compréhension des enfants car les mots ont été choisis davantage pour leurs sonorités que pour leur accessibilité. Et ces jeux jubilatoires placent cette écriture, à coup sûr, du côté de la poésie. »

MICHEL VOITURIER, rue du théâtre, août 2016

« La conjugaison du texte, de la mise en scène et de l’expressivité des deux comédiens est bien plus qu’un spectacle.
A chaque instant de la pièce, formes, mots, sons, gestes et mouvement se nouent, se dénouent, se trament et tissent le psychisme…
Quoi de plus banal qu’un mouchoir dans sa poche ! Quoi de plus normal que de perdre un mouchoir!
Avecle « pseudo-anodin » du quotidien, Ariane Buhbinder le transforme et illustre l’importance de la contenance du Portage, de la perte, d’être perdu, d’essayer de se retrouver.
Décrire un mouchoir bien plié en quatre par quatre mains, montre d’emblée comment le corporel soutient et ne cesse d’interagir entre l’image, la relation, la métaphore, l’imaginaire , la pensée.
La contenance et le portage, c’est tour à tour la poche, le vent, le nid de la caille, la terre de la taupe, c’est l’eau de de la mare, c’est le ciel et les étoiles du décor qui mettent en scène toutes les rencontres.
Chaque rencontre est l’occasion d ’évoquer une perte, l’apparition, la disparition et c’est Petit Mouchoir qui trouve une solution, qui rassure, qui demande à rentrer mais qui n’écoute pas ou ne retient pas les indications………
Chaque rencontre est une facette de l’être humain, d’un adulte, d’un parent, de la vie, de la mort et ces rencontres font grandir Petit Mouchoir… »

HUBERT BOUTSEN, pédopsychiatre, septembre 2016

« Petit Mouchoir de rien est tombé d’une poche; emporté par le vent, le voilà minuscule point blanc près des nuages… Une scénographie simple et astucieuse (carré noir de bandelettes caoutchouc délimité par un périmètre en bois) donne vie à tout un univers terrestre et souterrain. Un plaisir visuel aussi bien pour les bambins que pour leurs parents. »

ISABELLE SPRIET, Les parents et l’école, septembre 2016

Un petit mouchoir peut-il avoir une histoire ? Mais oui pardi ! Ils sont deux pour nous la raconter. « Un mouchoir dans une poche, plié en quatre, n’attend pas, n’attend rien ». Mais le vent l’emporte ! « Voilà petit mouchoir perdu dans un endroit complètement inconnu ». Triste et inquiet, il croisera le chemin d’une taupe, d’une caille, d’un chaton et même d’un saule pleureur « qui se plie et se plaint »… Et bien d’autres  personnages encore, prêts à le soutenir, eux-mêmes ayant tous perdu quelqu’un ou quelque chose. Sans trop le savoir et à sa façon, il aidera chacun d’eux. D’insolites et belles rencontres. Désespéré, cependant, de ne pas retrouver sa poche, il continuera sa quête… jusqu’à la découverte des bienfaits de son errance.
Le dispositif – un imposant carré noir d’où surgissent les surprises qui tissent le récit – se révèle original, simple et efficace. Les comédiens, espiègles et attachants Julie Nayer et Renaud Tefnin y déploient une belle énergie. L’écriture fluide et très musicale d’Ariane Buhbinder nous emmène avec délicatesse sur ces voies où il fait bon grandir.

SARAH COLASSE, Le Ligueur, septembre 2016

« J’ai perdu mon mouchoir… célèbre comptine qui a dû trotter dans la tête d’Ariane Buhbinder et que voici revisitée pour suivre le périple d’un petit mouchoir plus grand qu’il le croit…

Spectacle délicat tant du côté de la langue et des voix que de la scénographie épurée, noir, blanche et inventive. » 

LAURENCE BERTELS, La Libre Belgique, le 14 septembre 2016

Une odeur persistante de beignets flotte au-dessus de l’eau. Le long de la Meuse, les forains ont déroulé en cette fin de mois d’août les manèges, autos tamponneuses et autre grande les badauds, certains ne semblent guère s’intéresser aux attractions. Ils se dirigent d’un pas décidé vers le centre culturel, cerné par les baraques à frites et les stands de tir. Dans le grand hall, la drôle de faune se salue et s’interroge. « Et celui-là, tu l’as vu? » « Non, j’y vais demain, il paraît que c’est bien… ». Soudain, les portes s’ouvrent, le public gravit un escalier pour s’installer dans le dispositif du spectacle Petit Mouchoir, la dernière création de L’Anneau Théâtre. Ariane Buhbinder, la metteuse en scène, aide les gens à se caser sur les gradins en L. « On a prévu une jauge pour une salle d’enfants principalement. 130 enfants, avec des petites fesses et des petites jambes » souffle-t-elle. « Ici, ce ne sont quasiment que des adultes ». Les retardataires s’encastrent comme ils peuvent dans les trous. La lumière baisse. Ca va commencer. Pour la compagnie, ce moment est l’aboutissement de plusieurs années de travail. C’est ici, aux rencontres de Huy, que ça se joue: ça passe ou ça casse. Explications et flash-back.

11 mars

Petit Mouchoir a commencé par un texte. « Après la mort de mon père, je voulais écrire sur la perte et le vide que ça crée », confie Ariane Buhbinder lorsqu’on la rencontre chez elle, à Ixelles. « J’ai tout écrit en 2009, quasiment d’un seul jet. C’est l’histoire d’un petit mouchoir perdu, qui se retrouve dans un environnement complètement inconnu. Il rencontre toute une série de personnages qui ont perdu quelque chose et qu’il est amené à consoler. Au début, ce petit mouchoir qui n’est jamais sorti de sa poche pense qu’il n’a pas la force, mais progressivement, il se rend compte que sa petitesse n’est pas un obstacle. Le texte offre plein de possibilités au niveau du traitement scénique. Je ne savais pas comment monter ça, pour ne pas trop dire, trop montrer. Il a fallu que je le mette de côté pour laisser les images venir à moi ».

Sept ans plus tard, elle a tout: deux comédiens formidables, Julie Nayer et Renaud Tefnin, dont l’expérience en musique est un atout pour maîtriser ce texte très rythmique, ponctué de chants et de moments percussifs, et puis une scénographie simple mais ingénieuse, en forme de carré noir, boîte à surprises dont on peut entrer et sortir grâce à des bandes élastiques. Hier, Ariane Buhbinder a rempli sur internet le dossier d’inscription de Petit Mouchoir pour les Rencontres théâtre jeune public de 2016. En tant que compagnie « agréée » par la Fédération Wallonie Bruxelles (c’est à dire qui bénéficie de subventions régulières), l’Anneau Théâtre est, comme 18 autres cette année, sélectionné d’office pour Huy. Ce n’est pas le cas de tout le monde. (…)

25 mai
Pour Ariane Buhbinder et son Petit Mouchoir, la pression monte. Après plusieurs semaines de résidences, aujourd’hui c’est la première, avec un vrai public, au Théâtre La montagne magique à Bruxelles. Et c’est sold out. La caille qui ne retrouve plus son oeuf, le chat qui a perdu une dent de lait, la théière qui pleure sa jeunesse… Les personnages se succèdent et les enfants sont scotchés. Regards et gestes calés à la seconde près, répliques en pingpong ou lancées en choeur: le spectacle de L’Anneau est une machine de précision qui se doit d’être bien rodée avant d’arriver à Huy. « Huy, c’est un peu l’examen obligatoire et toute la vie du spectacle en dépend », souligne Ariane. « On a beaucoup discuté de ça entre compagnies et il reste que c’est la moins mauvaise solution. On joue notre spectacle jeune public devant une salle de professionnels, avec au maximum une dizaine d’enfants. Du coup, ça crée de drôle d’effets. On a parfois des spectacles qui sont ovationnés à Huy et qui ne tournent pas ensuite. Ou le contraire. Un autre effet pervers, c’est que comme tout le monde se connaît et papoter, certains avis provoquent un effet boule de neige. C’est très difficile à gérer… » Sans compter les articles de la presse qui elle aussi profite de la concentration de représentations qui vont coller aux basques des spectacles pendant toute leur carrière, quelle que soit leur évolution.
Même si L’Anneau s’apprête à fêter ses 20 ans et rayonne internationalement (son spectacle Nox vient d’effectuer une grosse tournée au Japon et est demandé en Chine), les enjeux de Huy restent déterminants. (…)

20 août
Sur la scène du centre culturel de Huy, PetitMouchi vient de retrouver le propriétaire de sa pocje. Applaudissements. Lumière. Pour Ariane Buhbinder, l’heure est au soulagement. Au sortir des représentations, plusieurs programmateurs lui ont adressé des petits signes genre « on s’appelle » ou sont venus la trouver pour lui faire part de leur enthousiasme. Plusieurs ont été frappés par la proximité du spectacle avec le public, la « boîte magique » où évoluent les acteurs se trouvant à un mètre à peine du premier rang.

ESTELLE SPOTO, Le Vif/L’Express, septembre 2016